L'institut Montaigne a récemment publié une enquête qu'elle a commandée et réalisée avec l'institut de sondage Kantar Public auprès de salariés français sur leur vision du travail.

Méthodologie

L'enquête a été réalisée de mi-septembre 2022 à début octobre 2022 auprès d'un panel de 5000 actifs environ.

Les quotas utilisés pour inférer les résultats à la population sont le sexe, l'âge, la CSP, la région et le type d'agglomération.

Tous les types d'actifs ont été interrogés : salariés du privé, salariés du public et indépendants.

Un questionnaire de plus de 60 questions, d'une durée de 20 minutes maximum et autorempli par l'enquêté.

Les thématiques de l'enquête

Au travers du questionnaire, 5 thématiques ont été choisies par l'Institut Montaigne.

  • La satisfaction au travail et ses déterminantes
  • La durée, la charge, les pénibilités du travail
  • Le télétravail
  • La fin de carrière et la retraite
  • L'évolution et la mobilité professionnelle

L'équipe Nicoka vous propose d'observer ensemble les résultats issus de ces différentes thématiques.

Vous pouvez retrouver nos deux premiers articles sur la satisfaction au travail et ses déterminante, et la charge de travail ressentie.

    Nous vous présentons aujourd'hui dans ce 3ème volet la thématique sur le télé-travail.

    Le télé-travail

    En comparaison à 2017, la progression de la part du temps de travail réalisée en dehors du lieu de travail est fulgurante.

    La pratique occasionnelle du télétravail a presque doublée.

    La pratique du télétravail au moins une fois par semaine a progressée de 1100% !

    Et aujourd'hui près d'1 actif sur 4 déclare télétravailler au moins 2 jours par semaine.

    Tout cela réunit : plus de 70% des actifs déclarent télétravailler en 2022 contre 10% en 2017... Soit une progression de 700% du tétravail en 5 ans !

    Le télétravail n'est plus une exception, il est désormais hebdomadaire pour 6 actifs sur 10 (au moins une fois par semaine.).


    Possibilités de le pratiquer ?

    Tous les métiers ou encore postes ne peuvent avoir recours au télétravail : aujourd'hui 51,6% des actifs déclarent que leur métier ne peut se faire à distance.


    Une minorité de salariés dénoncent la pratique du télétravail comme leur étant interdite.

    Les raisons de l’absence de recours au télétravail se traduisent principalement par un métier qui ne le permet pas, par un refus de l’employeur même si c’est faisable, ou un salarié qui ne le souhaite pas. Ce n’est que dans 9% des cas qu’un employeur émet un refus. Cela démontre que les souhaits des salariés pour avoir recours au télé-travail sont dans leur grande majorité respectés.


    Le télé-travail plébiscités par les salariés

    La difficulté d’avoir recours au télé-travail représente un motif d’insatisfaction pour les salariés, mais pas seulement, un impact positif est relevé sur la vie de famille, la vie professionnelle ou encore l’efficacité et l’autonomie au travail.


    De manière générale les conditions matérielles sont jugées satisfaisantes par les travailleurs lorsque le télé-travail n’excède pas 4 jours par semaine, on remarque d’après le graphique ci-dessous que cette satisfaction diminue avec l’intensité du télé-travail.


    Les interactions professionnelles et sociales

    Qu’en est-il de la qualité d’interaction pour les salariés pratiquant le télé-travail ?


    Les sondés de l’enquête dénoncent une détérioration des interactions humaines. En effet le télé-travail à un impact négatif sur l’efficacité de ces interactions.


    Il n’est pas toujours évident de maintenir un lien avec ses collègues tout en étant chez soi, le télé-travail prive en quelque sorte de l’informel.

    Le télé-travail, pas de charge excessive ni psychique ?

    Selon les résultats de l’étude les charges excessives et psychiques ne seraient pas en lien avec le fait de pratiquer le télé-travail. Toutefois un point de vigilance est à observer lorsque l’intensité du télé-travail dépasse 3 jours, ce sujet reste à approfondir.


    D’après une enquête d’Insee réalisée sur les cadres et le télé-travail en 2019, une alerte sur l’intensité et sur la santé mettait en évidence leur état de santé comme étant mauvais. Les cadres déclaraient avoir eu recours à un arrêt maladie lors durant l'année.


    17% des télé-travailleurs présentent un risque dépressif modéré ou sévère lorsqu’ils effectuent deux jours ou plus. D’après l’étude d’IFOP pour l’observatoire Diot-Siaci, on parle de surcroît d’absentéisme lorsque le télé-travail devient très intensif.


    Un effet sur l’empreinte carbone ?

    Depuis l’expansion du télé-travail, des effets sont à noter sur l’émission de CO2.


    Cette pratique permet d’éviter les circulations automobiles, puisqu’elle réduit les trajets domicile-travail-domicile, soit une réduction estimée de 10% des émissions de CO2 annuelles.


    S'ils ne prennent pas leur voiture les télé-travailleurs réguliers économisent en moyenne 159 heures de transport par an, une équivalence de près de 6 jours et demi.

    Sources

    Enquête Institut Montaigne : Les Français au travail : dépasser les idées reçues

    Enquête IFOP : Perceptions du travail

    Insee 2019 : Le télé-travail permet-il d’améliorer les conditions de travail des cadres ?

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