L'institut Montaigne a récemment publié une enquête qu'elle a commandée et réalisée avec l'institut de sondage Kantar Public auprès de salariés français sur leur vision du travail.

Méthodologie

L'enquête a été réalisée de mi-septembre 2022 à début octobre 2022 auprès d'un panel de 5000 actifs environ.

Les quotas utilisés pour inférer les résultats à la population sont le sexe, l'âge, la CSP, la région et le type d'agglomération.

Tous les types d'actifs ont été interrogés : salariés du privé, salariés du public et indépendants.

Un questionnaire de plus de 60 questions, d'une durée de 20 minutes maximum et autorempli par l'enquêté.

Les thématiques de l'enquête

Au travers du questionnaire, 5 thématiques ont été choisies par l'Institut Montaigne.

  • La satisfaction au travail et ses déterminantes
  • La durée, la charge, les pénibilités du travail
  • Le télétravail
  • La fin de carrière et la retraite
  • L'évolution et la mobilité professionnelle

L'équipe Nicoka vous propose d'observer ensemble les résultats issus de ces différentes thématiques.

Vous pouvez retrouver notre article sur la satisfaction au travail et ses déterminantes.

    Aujourd'hui, nous vous proposons un article sur la 2ème thématique : la durée, la charge, les pénibilités du travail.

    La durée, la charge, les pénibilités du travail

    Le travail est un élément essentiel de notre vie. Il nous permet non seulement d'améliorer nos compétences et de gagner des revenus, mais il peut aussi être une source importante de stress et d'anxiété. 


    C’est pourquoi nous avons décrypté la 2ème thématique des résultats de l’enquête de l’Institut Montaigne afin d’observer la vision que les salariés français ont du travail en termes de durée, charge et pénibilités. 


    Nous allons voir ensemble que l'enquête montre que les salariés français sont de plus en plus nombreux à ressentir une charge de travail élevée et une charge psychologique importante.

    La semaine des 35h est loin d'être la norme.

    En moyenne les actifs Français travaillent un peu plus de 37 h par semaine.

    Pour les actifs à temps plein le temps moyen de travail est de 39.8h et de 39.6h pour ceux en CDI.

    Une moyenne très variable selon l'activité chez les actifs à temps plein.

    • 45,8 heures pour les indépendants
    • 39.6 heures pour les salariés du privé
    • 39.1h pour les salariés du public

    Selon l'étude on apprend que le "cadre traditionnel de la semaine de cinq jours aux horaires de bureau est devenu très minoritaire". Aujourd'hui 6 actifs à temps plein sur 10 travaillent après 20h et le week-end.


    La durée légale du travail n’a pas changé depuis les années 2000, elle reste fixe à 35h.

    Depuis 2015

    • la proportion de cadres travaillant le soir ou le dimanche a fortement augmenté avec respectivement +5% le soir et +8% le dimanche.
    • la progression des "horaires atypiques" ne concerne pas les employés, les ouvriers et les professions intermédiaires.


    La durée légale de travail ne constitue pas un facteur de charge excessif
    , elle est jugée satisfaisante par les salariés


    En complément de cette enquête, un autre sondage réalisé par l'IFOP montre que 3/4 des salariés (hors indépendants) s'estiment heureux dans leur travail

    Est-ce que cette satisfaction est liée à la durée de travail stable et satisfaisante ? Pas forcément si on tient compte de la motivation au travail qui est en diminution.

    En effet 42% d’entre eux considèrent que ce surinvestissement n’est pas reconnu par leur manager, principalement pour ceux qui alternent télétravail et présence sur site.


    Quelle charge de travail ressentie ?

    Un salarié sur 4 ressent une charge de travail excessive et 6 salariés sur 10 indiquent une augmentation de leur charge depuis ces 5 dernières années

    Les indépendants quant à eux ne la désignent pas comme étant excessive mais restent tout de même ceux qui effectuent une durée de travail supérieure aux salariés.


    Est mis en cause dans cette fameuse charge de travail « excessive » une insatisfaction du travail, ou une nouvelle forme d’organisation mais pas sa durée.

    En effet, les principaux facteurs liés à cette charge sont plutôt d’ordre subjectifs, ils peuvent être liés à une mauvaise relation avec son manager, une forte charge psychologique ou encore à une faible autonomie au travail.


    Une pénibilité physique et/ou psychique

    Les conditions de travail peuvent parfois peser sur le bien-être physique et mental (psychique) des travailleurs.

    L'enquête a permis de mesurer ces 2 types de pénibilité à l'aide d'une note de 1 à 10. Selon la note, les pénibilités sont considérées comme peu importante (0-4) ou très importante (9-10).

    Nous pouvons ainsi voir que la charge psychique est plus importante que la pénibilité physique pour les indépendants comme pour les salariés : tandis que 4 actifs sur 10 déclarent ne pas ressentir de pénibilité physique, 5 actifs sur 10 déclarent une pénibilité psychique pénible voire très pénible. Ce constat ne concerne pas les ouvriers et les indépendants ressentent également moins de pénibilité que les salariés.


    Les agriculteurs sont les plus concernés par la pénibilité physique, suivis des professions de ménages (femmes de ménage, cuisiniers ou cuisinières, jardiniers, concierges, baby-sitters, secrétaires, ...), des professions de santé et d'action sociale, des métiers de production et des transports.

    La pénibilité psychologique concerne principalement les professions de santé et d'action sociale, d'hébergement et de restauration, d'éducation et de la finance et de l'assurance.


    Facteurs explicatifs de la pénibilité

    Parmi les nombreux facteurs expliquant la pénibilité psychique, on retrouve principalement la rémunération jugée insatisfaisante et le manque d'autonomie.

    Ce que confirme en partie l'enquête de l'IFOP qui précise que les salariés regardent en premier lieu la rémunération au moment de choisir une entreprise. Les salariés associent davantage le travail à un élément contraignant (41%) qu'à un moyen d'épanouissement (32%).

    Autre élément intéressant, pénibilité physique et pénibilité psychique s’influent entre elles et peuvent alors avoir un impact négatif pour la santé des travailleurs. 

    D'ailleurs la durée du travail n'influe pas ces pénibilités et n'est donc pas automatiquement synonyme de burn-out.



    Lors de l’enquête, le facteur de pénibilité lors du travail le week-end a été observé, les salariés à plein temps considèrent comme pénible de travailler le week-end. Il est a noter que 56% des salariés cherchent à trouver un meilleur équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle.


    Enfin d'après l'enquête réalisée par l'Institut Montaigne, une majorité des actifs ne souhaitent pas travailler plus pour gagner plus. 1 actif sur 2 veut conserver une durée de travail identique tandis que 15% d'entre eux souhaitent "travailler moins quitte à gagner moins". Cette formule concerne généralement les salariés affichant un faible degré de satisfaction par rapport à leur travail.

    Sources

    Enquête Institut Montaigne : Les Français au travail : dépasser les idées reçues

    Enquête IFOP : Perceptions du travail

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