Un thermomètre pour les entreprises
En octobre 2022, le syndicat professionnel représentatif des sociétés de conseil en France ou Syntec Conseil, a publié avec l'institut BVA, la 11ème édition de leur baromètre annuel dédié à la compétitivité des entreprises privées françaises.
Ce sondage a été réalisé auprès de 500 membres d’équipes dirigeantes de sociétés françaises de toutes tailles et de tous secteurs.
Renommé #ACCELERER ce baromètre est un thermomètre permettant de mesurer les difficultés rencontrées par les entreprises et leur vision de l'avenir à court terme.
C'est aussi un bon outil pour comprendre ce qu'est le monde de l'entreprise privée en France à travers la voix de leurs dirigeants.
L'entreprise privée en France
La France compte 4,1 millions d'entreprises privées qui représentent 67% du PIB et 77% de l'emploi salarial.
Parmi les 4,1 millions d'entreprises privées, on compte
- 270 Grandes entreprises
- 5800 entreprises de taille intermédiaire
- 145 000 petites et moyennes entreprises
- 3.9 millions de micro-entreprises
Retrouvez leur définition sur le site de l'INSEE : https://www.insee.fr/fr/metado...
Si les micro-enteprises représentent plus de 95% des entreprises privées en France, elles apportent 20% de la valeur ajoutée et 17% de l'emploi.
Les autres catégories se répartissent assez équitablement la valeur ajoutée et l'emploi salarial.
Le sondage révèle le secteur des services le premier contributeur à la richesse nationale devant l'industrie, le commerce, suivi par le BTP et l'agriculture.
Quelles perspectives à court termes ?
Une entreprise sur 4 (38%) prévoit une détérioration de son activité d'ici fin 2022. Cette prévision se décline différemment selon les secteurs d'activité. C'était particulièrement fort pour les secteurs de l'Industrie (1 acteur sur 2) et du Commerce. Le secteur des BTP semblait être le moins inquiet, près d'une entreprise de BTP sur 2 considérait que la situation était stable.
Les principales raisons déclarées sont l'évolution du coût de l'énergie, du coût des matières premières et les difficultés de recrutement. Ces raisons sont jugées très importantes dans l'activité d'au moins 4 entreprises sur 10.
Les difficultés de recrutement représentent la problématique n°1 pour les entreprises de services, avec également la hausse des salaires liés à l'inflation.
Les entreprises rencontrent 4 défis internes importants. Le premier défi concerne le maintien des talents au sein de leur structure. Suivent ensuite l'organisation du travail, la transition énergétique ou encore la gestion financière de l'entreprise., Cette dernière est d'ailleurs la préoccupation principale des TPE et PME. À l'inverse les grandes entreprises et ETI se préoccupent en premier lieu de leur capacité d'innovation et de la transition énergétique.
L'inquiétude des entreprises face à une conjoncture tourmentée
Après 2020 et la crise sanitaire, le PIB avait retrouvé son niveau trimestriel d'avant crise dès le troisième trimestre de l'année 2021. Plus de la moitié des dirigeants (61%) étaient confiants et optimistes concernant les perspectives d'évolution économique de leur entreprise dans les 5 ans à venir.
Seulement, l'année 2022 a été marquée par une multitude de menaces, notamment, les tensions sur le marché des matières premières, l'inflation, le marché de l'emploi, le coût de l'énergie, les chaînes d'approvisionnement...
Intensifier les transformations initiées ?
Afin de gagner en compétitivité les entreprises se sont engagées en 2022 à développer la digitalisation, moderniser les outils de production, ou intégrer des critères Environnement, Social et Gouvernance (ESG).
Le contexte d'instabilité de talents est un défi que relèvent les entreprises en menant ces transformations.
La transition ESG est devenue un impératif incontournable pour les entreprises : 40% des critères environnementaux sociaux et de gouvernance pèsent dans la réputation globale d'une entreprise. Les Français sont les 3ème derrière les Finlandais et Suédois à performer le mieux en termes de RSE.
Concernant la transformation de la digitalisation, il est démontré que 26% des entreprises ayant atteint leur maturité numérique étaient plus rentables que leurs concurrents. Celle-ci est un enjeu majeur pour les entreprises, la pandémie a été révélatrice de cet avantage concurrentiel des entreprises digitalisées.
Les entreprises doivent adopter leur méthode de travail face aux 86% des salariés qui souhaitent continuer d'effectuer du télétravail suite à la crise sanitaire. Il faut savoir qu'aujourd'hui les jeunes actifs changeront entre 13 à 15 fois d'employeur au cours de leur vie professionnelle.
Les entreprises industrielles ont tout intérêt à passer à la mise en place d'une industrie 4.0, automatiser, robotiser, utiliser l'intelligence artificielle est déterminant pour leur compétitivité, celles qui adoptent déjà ce fonctionnement augmentent leur productivité de 15-20%.
Des opportunités pour les entreprises françaises
Suite à l'augmentation des matières premières, comme le gaz, le bouclier tarifaire a permis à la France de maintenir l'inflation à un niveau inférieur par rapport à nos voisins européens.
La crise sanitaire a accéléré les reconfigurations des chaînes d'approvisionnement, dans les années à venir, ces chaînes seront marquées par des refontes en plateformes régionales et seront relocalisées nationalement. Ce choix prendra en compte les facteurs liés à la sécurité, au coût énergétique et aux critères ESG. Ces changements seront porteurs d'opportunités pour la France.
Les critères ESG prennent une part grandissante dans l'attractivité et la compétitivité des territoires, des entreprises, produits ou services, la France a une opportunité unique de se créer un avantage, et de compenser certaines de ses faiblesses concernant la compétitivité coûts et hors coûts.
Le regard des dirigeants sur la compétitivité française
Dans l'ensemble l'évolution de la compétitivité en 2022 était mitigée par nos dirigeants français entre détérioration et amélioration. Celle-ci est plus fortement dégradée dans les secteurs de l'industrie et du commerce. Les principaux freins rencontrés sont la disponibilité et la qualification de main d'œuvre, le coût du travail et la fiscalité sur les entreprises. S'ajoute pour l'industrie les contraintes réglementaires émanent des pouvoirs publics.
Le sondage révèle des réponses de dirigeants étonnantes concernant les critères ESG, ceux-ci considèrent la France en retard sur ces principaux enjeux, or selon le classement mondial, et notre décryptage rapporté plus haut en terme de RSE, le pays à un bon positionnement avec sa 3ème place.
Le meilleur entretien, la modernisation et l'élargissement du parc nucléaire français sont vus de manière positive par les dirigeants d'entreprise, ceux-ci sont quasiment unanimes (88%) sur l'importance d'un programme nucléaire fort pour la compétitivité du pays.
Plusieurs freins importants à surmonter sont perçus par les dirigeants : la disponibilité et qualification de main d'œuvre, le coût de la main d'œuvre, la pression fiscale et la complexité administrative française. Celles-ci pèsent fortement sur leur compétitivité.
Les réformes du quinquennat, un impact positif ?
Lors du discours du gouvernement en juillet 2022, des priorités économiques ont été annoncées, elles ont été approuvées par une grande majorité de dirigeants. Elles concernent la poursuite des baisses d'impôts, la recherche du plein emploi, l'accent mis sur le travail, ou encore la réforme des retraites.
Or, contrairement à cette approbation, les dirigeants estiment pour 65% d'entre eux un rythme trop lent des réformes effectives depuis le début du quinquennat. Seulement celles mises en place lors du précédent quinquennat ont un impact positif sur l'attractivité de la France.
Les clés pour aller plus loin
Afin d'améliorer la compétitivité des entreprises dans les années à venir, les dirigeants souhaiteraient en priorité que certaines réformes se mettent en œuvre, tel que la baisse de la fiscalité, les réductions de charges sociales, suivi par la réforme des retraites et la simplification des démarches administratives.
Lors du sondage réalisé fin 2022, le vote des dirigeants restait unanime par rapport à l'année 2021 sur la nécessité d'une véritable réforme des dépenses publiques durant le nouveau quinquennat.
La majorité des dirigeants se disent être confiants concernant les mises en œuvre des réformes pour améliorer la compétitivité des entreprises dans le pays, seulement 76% des dirigeants de TPE y sont pessimistes et peu confiants. Ce manque de confiance s'explique par le nombre de freins présents sur le chemin des réformes qui sont jugés importants par les dirigeants d'entreprise.
Redresser la compétitivité grâce à ces 3 moteurs :
- Faire du pays un champion de la croissance responsable
- Poursuivre la ré-industrialisation du pays
- Investir dans l'innovation
Pour cela, il faut lever les freins à la compétitivité des entreprises :
- Fiscalité et coût de travail
- Disponibilité et qualité de main d'œuvre
- Démarches administratives et juridiques
> Téléchargez le pdf du baromètre annuel de 2022